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Thesis appendices - Interviews

Interview Décathlon Anne Sophie Pierre

J'ai lancé l'enregistrement. Donc le mémoire est centré sur les limites, les barrières, les challenges que rencontre l'implémentation de l'innovation frugale sur les marchés européens. C'est pour cela que j'interroge seulement des entreprises européennes qui implémente ce genre d'innovation. Décathlon, qui l'a intégré dans ses process et dans ses produits, est un exemple très intéressant. Et du coup, je voulais vous demander déjà, comment sont organisées en faites vos projets ?

Il y a des projets et l'approche frugale. Moi, j'ai découvert ça un peu par hasard. En lisant Navi Radjou et l'innovation frugale d'une part. Voilà comme mon job c'est de l'innovation, j'essaye d'être un peu au courant sur les nouvelles approches, ou ce qui fait ou voilà. Donc ça c'est une part. Et d'autre part, j'étais responsable innovation mais sur un process industriel. Où en gros on nous de de maintenir des coûts de production. C'est à dire de ne pas subir l'augmentation des coûts de main d'œuvre liés à l'augmentation des coûts de la main d'œuvre en Chine. Et sur un exemple d'un petit sac à dos, on savait que l'augmentation des coûts de main d'œuvre, on allait pouvoir garantir le même coût et donc le même prix qu'en magasin. Et pour nous, c'était impossible. Du coup, il a fallu trouver des solutions pour se dire comment on peut faire, pour garder un produit de même valeur, de même usage, au même prix. Au même prix de vente et donc pour ça, il y a plusieurs solutions. Par exemple, ce que font certains pays, et nous sûrement aussi, Décathlon c'est quand même une boite de distribution. Par exemple, on aurait pu aller dans un pays où la main d'œuvre est moins chère. Comme ça on gagnait 5 ans, 10 ans et on était tranquille. Et là, avec ce projet, n'a pas voulu faire ça. On a voulu que ce soit la conception du produit qui la différence en faite. Qui soit conçue de manière à être coûte moins cher et que ça contrebalance l'augmentation des coûts de main d'œuvre. Et donc, on a réussi à certains ce qu'on a fait, c'est là où ça a fait tilte, entre la bibliographie liée à l'innovation frugal et cet exemple.

C'est là où je me suis mis dans ce qu'on a fait c'est de l'innovation frugale. A partir de là, j'ai fini de bien comprendre ce qu'était l'innovation frugale. De bien comprendre ce qui avait été fait, ce qui avait bien marché pour essayer de se dire : comment les dupliquer. Et c'est pourquoi votre question sur comment s'organisent les projets, les projets chez nous, ils s'organisent déjà toujours un peu de la même façon. Il y a des projets qui sont des projets où on duplique, chez un autre fabriquant, un produit. Des projets où on renouvelle les produits tel quel. Des projets sur lesquels on change juste le coloris et des projets pour lesquels on va faire un nouveau développement. Donc déjà, ça a été mon rôle, c'était de comprendre l'innovation frugale, même la confection frugale : à quel moment ? Pour quels projets ? elle est la plus utile, elle a le plus de valeur ajoutée. Donc ça, c'est vraiment un point important à comprendre que tout l'enjeu de l'innovation frugale chez Décathlon mais je pense aussi dans les autres boîtes. Comment faire pour que ça soit utile ? Comment faire pour créer de la valeur ajoutée ? Comment faire pour que ça soit appliqué, dupliqué ? Et aussi, pourque ça soit très concret ? Et aussi la base de l'innovation frugale c'est l'état d'esprit. Alors quand on a dit ça, on a tout dit mais on n'a rien dit... parce que l'état d'esprit c'est tout et rien à la fois. Mais c'est vraiment là l'enjeu pour cibler en tête le maillon de la chaîne qui est le plus intéressant de soutenir avec l'innovation frugale. J'ai fait pas mal d'essais et là, en accompagnant des projets, en voyant ce que ca donné. Et si je vous fais un résumé, en gros chez Décathlon, l'innovation frugale, là où est utile. C'est dans 2 cas, dans deux contextes de projets différents. Le premier c'est quand on veut réduire le coût d'un produit, on veut réduire le coût d'un produit parce que on veut, soit réduire le prix. Soit on a besoin de réduire le produit parce que sur ce produit, on a des innovations à mettre, comme un truc connecté, voilà plus de confort, une selle amortissante, ou un vélo, avec une lumière qui détecte les piétons, et cette techno là on veut de l'intégrer... Je pense à ça, parce qu'un exemple concret sur un VTT, on avait trois

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innovations à mettre sur ce VTT premier prix. On savait combien coûtait ces innovations et on voulait pas bouger le prix de vente. Du coup, il faut bien réduire les coûts de fabrication du vélo. Et dans ce cas-là, l'innovation frugale, va servir à réduire les coûts, mais sans faire de low cost, sans diminuer la valeur. Je prends exemple sur un T-shirt. On pourrait dire, à force de réduire les coûts pour réduire les coûts, en obtient une brassière. Le fil il est tout fin, dès qu'on le lave y vrille, ... Non. L'innovation frugale, là ça va servir à se dire OK, au lieu de réduire les coûts 20%. L’état d'esprit de la frugalité, c'est de se dire, je vais réduire les coûts de 80%. Et là on dit "Quoi ?!". "Mais attend là c'est pas possible". Et oui, en fait, c'est pour se dire qu'on va tellement réduire les coûts qu'on est obligé de ne plus penser aux produits existants comme il l'était avant. Il faut trouver une toute autre solution. Donc un autre exemple, sur les grilles en magasins. On peut très bien définir le coût de ces grilles. Alors on les fait très légère, on les fait avec un acier qui est moins durable, elles sont moins maniables en magasin, on peut mettre moins de choses dessus, ... On trouve toujours des solutions pour baisser les coûts. On pense plus au produit, on pense à l'usage. On va trouver une solution qui permettent de réduire les coûts de 80% et réduire le coût d'une grille de 80%, en gros il reste plus rien. Bah oui, et bien justement: Comment on peut présenter nos produits à nos clients? Du coup sans utiliser d'---- (bruit sur le son) mais avec la même efficacité. Ce paradigme est hyper important à comprendre pour se dire: Dans quel cas s'applique l'innovation frugale? Dans quel projet, pour revenir à votre question, s'organise déjà dans le but du projet c'est quoi ? Et en fonction de ces buts-là, l'innovation frugale, ça matche ou pas. Le premier point, c'est réduire les coûts. Le deuxième point, c'est innover on va dire sobrement, comme l'éco innovation. Donc là dans cette approche-là, il y a plusieurs façons d'y arriver on peut utiliser le biomimétisme pour éco innover... C'est aussi une approche pour éco innover. Mais, l'innovation frugale, ça marche aussi. Parce qu'un synonyme de la frugalité, c'est la sobriété. Et donc dans cette sobriété de moyens, on va forcément utiliser moins de ressources, on va utiliser des assemblages moins complexes, moins de composants et du coup ça sera peut-être plus séparables, réparables, etc. Donc, les projets en terme de déroulement c'est toujours un peu pareil: Observation d'usage, hypothèse, persona, idée, prototype, concept, test, etc. Par contre, mon rôle ça a été de comprendre à quel projet pouvait être utile l'innovation frugale.

Et là encore, vous sautez d'un projet à un autre projet. Est-ce que vous avez une équipe ? Est-ce que vous décidez de chaque projet ?

Donc ça a évolué, en faite, parce que moi j'ai commencé ça fin 2016, en gros jusqu'à janvier cette année. Et donc, au début, j'étais seule. Après j'ai eu une stagiaire qui passé en CDD. Donc voilà on était 1.5 à l'année. Et puis il y a 1 an et demi dernière, on est monté jusqu'à 5 personnes, mais on n’était jamais dédié à 100%. On avait un job sur l'innovation, et quand on trouvait l'outil, innovation frugale était pertinent, on aidait les projets via cette approche. Et les profils de cette équipe c'est ingénieur-designer.

Donc dans les cinq personnes, il y avait des ingénieurs et des designers.

Oui, oui. Parce que moi, ce que j'ai compris en fait de l'innovation frugale, c'est un peu comme le recyclage en faite. Ces produits qui sont upcyclés, recyclés, hackés. Donc hacké c'est vraiment plus propre à une innovation frugale, en faite quelque part, il doit être encore plus beau que le nôtre. Du coup, le côté design, il est hyper important. Sauf que là c'est presque plus du design industriel, c'est à dire du design contraint. On part pas d'une page blanche. Au contraire, on tient, on va utiliser un déchet ou alors utiliser telle ou telle ressource. Et c'est tout. Et à partir de ça on fait un produit. Donc la

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partie design, elle est hyper importante. Et aussi parce que l'innovation frugale, on veut faire mieux, on veut pas que faire avec moins. On veut faire mieux, donc sur la compréhension l'usage, sur

l'expérience utilisateur et un prix en bon ingénieur et pour la partie, évidemment, technique. Mais c'est aussi parce quand tout est OK pour ce projet gagné, moi, j'ai donc identifié trois manières de faire. Il y a une des manières qu'on appelle Low Tech. Donc, j'ai beaucoup travaillé avec les Low Tech Lab.

Voilà donc chez des ingénieurs que MacGyver, c'est à dire des ingénieurs qui connaissent bien les principes de la physique et de la mécanique, qui peuvent faire vraiment comme MacGyver, c'est à dire faire une ampoule avec un fil de fer. Mais ça va être le juste nécessaire et ça va marcher. Donc, ce côté ingénieur est important.

Du coup, vous vous êtes ingénieur spécialisé dans le textile. Vous êtes aussi finalement encadré de personnes qui avaient d'autres spécialités. Ou, quand vous prenez un projet, vous travaillez aussi avec l'équipe qui avait dans leur portefeuille produit ce VTT, par exemple ?

Oui, on est un petit peu comme un service support, on est un petit peu comme l'équipe informatique RH. Donc voilà donc les équipes, elles ont leurs compétences en propre. Par exemple, l'équipe vélos, elle sait bien les utilisateurs de vélo, ce qu'ils attendent. Elle sait concevoir parfaitement des vélos. Et nous on vient en support à cette équipe, avec une grande humilité, leur partager cette culture de la frugalité, cet état d'esprit frugal en leur montrant d'autre exemple. Surtout décathlonien, il y en a qui disent ... moi personnellement Anne- Sophie moi c'est pour ça que je suis rentrée chez Décathlon.

Parce qu'en tant qu'ingénieur faire du beurre avec de l'eau je trouvais ça très stimulant d'un point de vue intellectuel. Parce que dans le luxe quand on a tout, et bien non c'est pas drôle. Que là, je vais pouvoir vraiment utiliser mes connaissances et les mettre à profit au plus juste, donc moi j'ai trouvé ça intéressant. Mais pour d'autres chez Décathlon y trouvent que faire du beurre avec de l'eau y trouve que c'est nul. Leur apporter cet état d'esprit leur montrer que c'est possible qu'on peut faire moins avec mieux, c'est notre rôle. Et ça nécessite aussi à une collaboration avec l'équipe, c'est à dire on vient pas en disant tadadam c'est nous, nous on connaît on va tout vous expliquer sur le vélo, alors que nous on n'a jamais fabriqué un vélo. Déjà pour l'équipe projet, il faut qu'il sera ouvert à nos "bêtise" à montrer qu'on va faire un vélo en bambou. Alors qu’eux tout de suite, ils ont l'expertise en disant que c'est pas possible etc. Il faut un certain état d'esprit et puis être ouvert et être aussi dans une étape où on veut tellement atteindre l'objectif qu'on est prêt à essayer un truc qu'on n'avait jamais.

J'ai l'impression aussi que Décathlon essaye finalement de stimuler le groupe et finalement, d'être dans cet état d'esprit où les équipes produits doivent s'ouvrir un peu à l'extérieur et aux autres

équipes. Mais là, c'est une collaboration interne. Est-ce que parfois, ça pose des problèmes où conflits

? Du fait que vous choisissez des projets, et vous repensez complètement à un produit que quelqu'un avait dans son portefeuille produits ?

Des problèmes non, en fait, c'est soit l'équipe projet est ouverte et du coup on peut travailler, enfin est ouverte à cette collaboration. Et voilà, et on démarre. Soit elle l'est pas et ils font sans nous. C'est pas très grave, y a pas de problème. Par contre si elle est ouverte j'ai jamais de problème. C'est un peu comme l'ostéopathie, ça peut pas faire de mal. Au pire des cas ça donne rien. Voilà on aura essayé.

C'est comme les inspirations, les inspirations biomimétisme, par exemple, y en a qui sont inspirantes et y en a là franchement je vois pas... Donc ça mange pas de pain. Et après, sur l'accompagnement humain, des fois il peut y avoir, mais n'a jamais été le cas par rapport à des approches frugales. Un petit peu des guéguerres. C'est ce qu'on appelle le syndrome : NIH, Non Identity Here???? En disant

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mais ça c'était mon idée. Et donc je ne sais pas, une reconnaissance comme ça. Y a jamais eu sur les projets de problèmes humains ou de tensions humaines, de territorialité, d'appartenance. Donc des problèmes, il n'y en a pas. Après, il y a une équipe qui fait plutôt des produits à but RSE. Donc là, des fois, c'était un peu, un peu la guéguerre entre les deux approches. En disant nan mais là c'est plus mon approche, qui va pouvoir l'aider, nan ça c'est plus mon approche qui va pouvoir l'aider. Donc il y a pu avoir ça éventuellement. Et puis après, encore une fois, ça marche, ou ça marche pas, c’est ça a de la valeur ajoutée, ou ça en n'a pas. Ou la traçabilité, où c'est déjà pas évident après de suivre les projets, parce que des fois on n'en entend plus parler. Et donc on sait pas si ce qu'on a proposé, collaborez, en fait, ca a donné quelque chose. Parce qu’après le groupe projet se l'approprie et puis, on n’est pas au courant de tout.

Pour faire ce développement frugal sur une base de projet. Est ce que vous avez une capsule en dehors? Ou est ce que vous avez des bureaux avec Décathlon ? Ou avez des bureaux spéciaux ? Est ce que vous êtes à l'écart?

Non non. Bien déjà quand on était 5, et même , moi, maintenant qui suis, plus seule dans le projet.

Donc on est dans les locaux de Décathlon. Par contre, dans certaines initiatives, on emmenait les équipes en immersion mais c'était ponctuellement.

Donc, par exemple, vous m'avez parlé de Low Tech Lab, est ce que vous avez d'autres partenaires, collaborateurs auxquels vous faites souvent appel pour ce genre d'innovation ?

Ça a été les principaux, parce qu’eux, je trouve qu'ils incarnent vraiment la frugalité dans ce qu'ils font, dans ce qui font, dans ce qu'ils vivent, dans ce qu'ils partagent. Dans tout quoi. Donc ça a été vraiment une inspiration humaine, technique, enfin tout. Après d'autres, déjà c'est difficile d'en trouver. Et je trouve actuellement, Maintenant, jour J, bien sûr, il y a le Low Tech Lab, mais je trouve que, l'ECAM à l'Iles. Il y a beaucoup de courant entre Chapelle Clairon, Clément Chado, Pierre-Alain tout ça... Enfin Tout le noyau dur du Low Tech Lab, c'est 3 ingénieurs qui ont fait l'ECAM. Donc je trouve que dans cette école d'ingénieurs, il y'a vraiment un truc sur l'état d'esprit frugal qu'ils ont.

Donc, nous, on a constitué un groupe de travail au sein de Décathlon qui s'appelle Frugalité pour partager cette culture de la frugalité dans d'autres domaines que la conception. Parce que moi, l'innovation frugale c'est très liée à la conception de produits. Mais de voir comment la frugalité elle peut s'appliquer dans le domaine économique, environnemental, humain enfin voilà qu'est ce que cela veut dire dans tous ces domaines-là. Et du coup, j'ai demandé à l'ECAM de faire partie du groupe de travail.

Justement, quand vous êtes la représentante de l'innovation frugale chez Décathlon. Est-ce que vous faites aussi des formations sans parler de reprendre des projets ?

Oui, oui, effectivement, de l'accompagnement opérationnel sur des projets, l'accompagnement

opérationnelle sur des projets. Ça peut être de l'inspiration comme je vous l'ai dit, par exemple sur des Low Tech donc sur des workshops créatifs sur de l'immersion dans un monde très contraint ou à défaut, on est obligé d'être dans la frugalité. Mais ça s'accompagne aussi par 3 autres trucs. La première des choses, c'est une formation, une formation qui dure une demi-journée sur l'innovation

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frugale, donc d'où ça vient, Les leviers ensuite des exemples concrets, on s'approprie le truc. Et cette formation, je la donne en interne et en externe. Et c'est aussi pour ça que j'ai un statut d’auto-

entrepreneur. Parce que en défrichant un petit peu en essayant de m'approprier ce principe-là chez Décathlon. D'une manière très concrète, je n'arrivais pas à distinguer si c'était ce que j'étais une "

vieille décathlonienne" et ce que je m'étais approprié en faite, c'était très typé Décathlon et pour Décathlon. Ou si, en fait, c'était un truc qui pouvait s'appliquer à d'autres modèles, à d'autres entreprises, à d'autres cultures. Donc, c'est pour ça que j'ai posé ce Statut auto-entrepreneur et cette formation d'une demi-journée, je donne la même en interne et en externe. Donc la formation, c'est un premier point, la formation d'une demi-journée. Si je mets dans le même paquet, internes et externes.

On fait souvent appel à moi pour un format très court qui est un format d'une demi-heure en trois quarts d'heure. On va présenter l'Innovation frugale et 3 exemples réussis, ça en externe c'est souvent ce point-là qu'on me demande. Maintenant, si je reviens en interne, Les choses aussi très concrètes, c'est qu'on a constitué une bibliothèque, un catalogue de Low Tech. Vraiment intéressant pour nous pour le store. On l'a constitué avec le Low Tech Lab et un CDD qui a fait ça pendant plusieurs mois.

Ça a été conçu, constitué, c'est consultable par les décathlonien pour la capitalisation. Et le dernier point c'est plutôt sur le côté design. Où là on a fait une sorte de guide de la frugalité pour les designers.

Qu'est-ce que ça veut dire de designer un produit de façon frugale ? Cette formation a été entièrement reprise pour servir l'éco conception. Comment expliquer l'éco conception à un designer ? Comment expliquer l'éco conception de gardénia avec les outils, des calculs, en disant bah voilà si on rentre autant de bois, ou autant de collage... Donc voilà le bilan, impact environnemental du produit, donc c'est une approche très calcules. Et pour les designers, bah en faite ils ont choisi, on va prendre cette formation sur le frugale. Parce qu’elle reflète, selon nous, parfaitement l'éco conception.

Et concernant encore votre expérience chez Décathlon. Je voulais savoir si vous avez rencontré des difficultés, que ce soit en interne ou même avec le client ou autre acteurs externes sur ce genre d'innovation, des résistances ou des difficultés.

Oui pleins. Déjà, moi quand j'ai fait tilte dans ma tête, jusqu'au moment où il y a 5 personnes, il s'est passé un peu de temps, il a fallu passer plusieurs jalons. Il a fallu convaincre. Que c'était une approche qui était intéressante. Et convaincre aussi Décathlon de me laisser du temps de travail. Ça, ça a été le premier pas. Ça tombait à un moment où entreprise libérée où chacun pouvait proposer un projet.

Donc moi, j'ai proposé ce projet-là. Donc ça s’est fait progressivement, au début mon responsable hiérarchique direct m'a dit OK, tu le fais, mais sur mon périmètre. Et puis après, ça a débordé en disant je le fais sur tout le périmètre de Décathlon. Et puis après, voilà une personne, 2 personnes, 3

personnes, 4 personnes, 5 personnes... Et finalement, humainement c'est pas évident de toujours être dans cette posture, de démontrer qu'il faut investir, que c'est intéressant et qu'il faut plus de moyens il faut y aller, qu'il faut consacrer du temps. Dans ça c'est le premier point. Le deuxième point, c'est le frein que j'ai rencontré l'année dernière. C'est pour ça que là, d'une manière très transparente, les projets d'Innovation frugale il est en standby depuis janvier. C'est parce que là sur l'innovation, on a choisi d'aider les stores à trouver, donc on a 85 stores, et donc aider les 85 store encore à trouver une stratégie d'innovation. Sur laquelle ils vont innover. Sur quoi? Par exemple ça peut être la sécurité et la capacité, la personne méditation. Je suis pas... Là, honnêtement, le job est énorme. Et donc on a prioritiser là-dessus. Et moi, j'ai accepté de le faire et de mettre un petit peu en standby

l'accompagnement les projets sur l'innovation frugale. D'une part, pour tous les livrables qui ont déjà été sortis depuis trois bonnes années. Donc les livrables que je vous ai dit toute à l'heure sur la formation, sur la bibliothèque, sur le design,...etc. Donc on n’est pas sans rien. Il y a aussi un Show Showroom de l'innovation frugale qui a circulé un peu ici. Donc, pour cette raison-là, y'a pas rien. Y a déjà des choses. Et deuxième chose, en faisant ça, et bien l'innovation frugale ça va être encore plus facile. Je veux pas aller à la pêche aux projets. Mais si, il y par exemple, le yoga qui, eux, veulent

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absolument innover sur la sobriété ou sur des choses très essentielles, très naturelles et bien

évidemment, l'approche frugale, ça va faire partie intégrante de leur conception. C'est aussi pour ça, je me dis en aidant les stores avec ça pour l'innovation frugale, ce sera plus facile de lier des

collaborations très étroites et très intégrées dans les stores.

Finalement, oui, vous avez étendu votre savoir aux processus de l'entreprise aux stores.

Après toutes les personnes qui ont travaillé sur le frugale, on a toujours les deux casquettes. Donc vraiment comme le service informatique, on aide quand il y a un beug, on aide à faire de nouveaux systèmes, on finance, on apporte de la compétence etc. L'innovation frugale moi comme je le vois, dans l'équipe innovation, donc on est une dizaine, moi j'ai une expertise sur le développement durable et donc une expertise sur un domaine qui s'appelle innovation frugale. Une autre de mes collègues, qui a plutôt une expertise santé, une expertise sur le biomimétisme. Donc aujourd'hui, cette expertise je l'ai un peu mise en sourdine pour aider les stores à trouver leur axe innovation.

Je voulais demander aussi par rapport aux produits issus d'une innovation frugale. Vous m'aviez dit que, justement, le design jouait un rôle très important. Est ce que, ça vous arrive souvent que le consommateur final ait besoin d'une explication, parce que le design est en rupture dû à la frugalité, de l'ingénierie, du produit. Est ce que parfois vous pensez qu'il y a besoin de plus d'éducation aussi au niveau du consommateur et de l'utilisateur.

Je pense pas plus, parce que je pense que, on va être plus simple, normalement c'est plus facile à comprendre. Et normalement, il en faudrait même moins. Après sur des systèmes techniques. Donc je pense à deux exemples, le premier la Motion Light qui est une lampe qu'on met sur le bras, un peu comme un brassard qui est sans pile. Et la lampe s'éclaire, donc c'est juste un aimant et une bobine, et la lampe s'éclaire quand on court. Parce que quand on court, l'aimant vient taper contre la bobine et ça créé de la lumière. Donc ça a expliqué..., il faut le voir quoi, ce truc-là, on se dit "On fait quoi ? Comment ça marche ? Il est où ON/OFF ? Il faut le voir pour le comprendre. Mais j'ai envie de dire, pas plus qu'une tente 2seconde quand on achète on se dit "Ah oui, d'accord, faut la jeter pour qu'elle se monte" et pour la replier on n’en parle pas... Donc pas plus, mais normalement c'est un peu intuitif.

Donc, je pense à la Motion Light, je pense à un produit qui est sorti fin 2019, qui est un vélo

d'appartement autoalimenté, c'est à dire qui n'a pas de prise. D'habitude, on a besoin d'une prise pour alimenter en électricité la petite console, qui nous permet de piloter la vitesse, les Km parcourues, les calories, ... que sais-je... Et là, sur ce vélo c'est le mouvement qui génère l'électricité nécessaire pour alimenter cette console. La pour le coup, c'est hyper simple à expliquer et ça laisse plus de liberté pour nos utilisateurs. Parce que là, ils peuvent même mettre leurs vélos sur leur balcon. Quelque part, la techno, elle, est un peu cachée. On l'explique pas forcement aux clients. Il n'y a même pas besoin de cette explication, lui ce qu'il voit c'est l'avantage de cette technologie-là. L'avantage d'usages en disant je peux emmener mon vélo d'appartement sur le balcon, dans le garage, dans la forêt... voilà.

Enfin, dernière question sur Décathlon est ce que vous faites parfois de la cocréation avec des utilisateurs ou est-ce que c'est quelque chose que vous encourager ou pas ?

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Oui, oui. Après ce n'est pas spécifique à l'innovation frugale. Mais en terme général, oui, il y a une plateforme de cocréation, je peux vous envoyer le lien si vous voulez et donc on appelle ça une plateforme de cocréation ou open innovation. Ça dépend, open inno c'est le terme générique et cocréation c'est le terme générique et cocréation, c'est un plus le vocabulaire Décathlon. Oui, en fait, à tous les maillons de la chaîne. Donc, ça peut être un questionnaire en disant "vous campeurs, comment vous faites pour ranger vos affaires en camping ? Ou quel serait la salle de bain de vos rêves en camping ? Voilà des questions très ouvertes. Ou, sur la partie insight, ça peut être sur la partie idéation : quelle solution vous imagineriez, quelles solutions que vous voudriez pour ranger vos affaires ? Ou aidez-nous à concevoir le rangement en camping de demain. Et là on fait des challenges avec des makers, des trucs comme ça. Ou ça peut être, des tests, en disant "Tenez, on vous propose un nouveau concept, un nouveau prototype d'armoire gonflable pour ranger vos affaires sous la tente. Est ce que vous êtes d'accord pour la tester et nous faire des feedbacks ?" Enfin voilà, à tous les maillons de la chaîne on utilise la cocréation. Pour l'instant, honnêtement ce n’est pas étendu à tous les sports mais je dirais que y a une dizaine de sports qui sont actifs sur 85 sur ça. Vraiment parce qu’en fin de compte faire tester des trucs au client c'est juste le processus normal des projets. Enfin quand je dis 10 sports sur 85, ça veut dire qu'il y a eu beaucoup de contributeurs, des trucs sur Internet enfin très, très large.

C'est pas que tester avec 10 clients un truc enfin voilà. C'est quoi la trottinette ? Qui ont mis en magasin l'invention d'un père de famille. Oui, il avait une petite fille et tous les jours pour l'emmener à l'école, ils utilisaient la trottinette. Et donc ils étaient à deux sur le pont de la trottinette et la petite fille avec 4 pieds il y avait pas trop de place sur le dext qu'on appelle de la trottinette. Donc il a bricolé une sorte de marche sur la trottinette. Et comme ça, un petit peu comme les marches de poussette

d'ailleurs. Quand les mamans, elles ont déjà un bébé et qui en a un autre qui est un peu plus grand.

Pour que le plus grand, puisse suivre la vitesse de la poussette, il y a une petite marche qui est encore intercalée entre la maman et la poussette devant. Et comme ça le plus grand ce met là et il tient ses mains. Et puis voilà il est sur la poussette. Là c'était le même principe, mais sur une trottinette, donc c'est un père de famille qui a bricolé ça, qui s'est mis en contact avec les équipes. En disant "Moi, depuis que je vais à l'école avec ça, il y a plein de parents qui ont dit tu veux pas m'en faire une??" au bout d'un moment, il a dit à Décathlon, "ça vous intéresse ou pas ?" et oui carrément et donc ils ont améliorée le système en de stabilité, en terme de cryptage. Et puis, ça a été commercialisé.

Et du coup, je voudrais aussi parler de votre expérience chez Cactus Coaching Comité. Du coup, vous êtes auto entrepreneuse là-bas? Si j'ai bien compris. Et donc, est ce que finalement, quand vous faites ces formations, parfois très courtes 30 45 minutes ou parfois plus longues d'une demi-journée, est ce que finalement, les entreprises que vous avez en face de vous, les interlocuteurs en face de vous, connaissent le terme d'innovation frugale ou c'est quelque chose de complètement abstrait pour eux?

Ca dépend. Il y en a un qui ne connaissent pas ou donc c'est plutôt un sujet d'ouverture, comme peut l'être l'Open Innovation. Il y en a qui connaissent mais qui savent pas comment l'appliquer. En disant :

"On peut parler de ce truc là, mais franchement, on vend pas, mais nous c'est compliqué, on voit pas concrètement ce qu'il y a derrière". Ou alors on part d'une situation qui est plus négative, comme par exemple, "oui nous l'innovation frugale, on a essayé, on nous a dit à tous les chefs de projet, on va réduire ton budget de 20% et maintenant, tu vas faire de la frugalité". Et donc là, je veux pas dire la formule, à partir de là, on a fait appel à moi, ce serait très hautain, de ma part, surtout que y a pas que moi. Mais plutôt dire là où ils ont trouvé intéressant et dans quel contexte je suis intervenue. Donc les deux premiers et le dernier pour dire voilà des exemples réussis où bien faire mieux avec moins. C'est pas que faire avec moins, c'est aussi faire mieux. Donc voilà des exemples réussis sur on a pu faire mieux, quitte à investir plus. Ce qui est intéressant dans le faire mieux avec moins c'est le delta. Donc faire mieux avec moins, il ne faut pas concentrer toujours sur j'ai moins et je vais faire mieux. Et parfois faut investir un peu plus pour faire beaucoup, beaucoup mieux.

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Et finalement, quelle perception généralement ils ont de l'innovation frugale quand ils ont une notion de ce que c'est, à ce que c'est quelque chose qu'ils ont l'impression que c'est quelque chose de cheap, ou est-ce que finalement, ils ont la même vision que vous ? Ou est ce qu'il le connecte à l'innovation responsable ?

Il y a un peu de tout, un peu de toutes les réactions. Parce que je donne des cours dans des écoles d'ingénieurs. Et il y a des écoles d'ingénieurs qui disent "Là, tu mélanges un peu tout. Effectivement, entre innovation responsable, et innovation sociale, innovation frugale, innovation utile" donc il y a un petit problème de vocabulaire. Il y en a d'autre qui me disent "L'innovation frugale saisit des nouveaux comportements, par exemple zéro déchet en termes d'opportunités pour innover. Et donc, ça s'appelle de l'innovation frugale." Après, il y en a d'autres qui ont dit "oui, mais nous ce n’est pas possible d'en faire. Parce que nous, c’est compliqué .», par exemple, je donnerai pas d'exemple. Nous, dans notre réseau, ça peut pas s'appliquer, donc c'est bien joli, c'est bien waouh, mais c'est bien, mais ca marchera pas chez nous. Et d'autres en faite qui se disent. "OK. Prenons une problématique complexe et on essaye et on verra bien". Sinon, je sais que, il y a une fille qui a arrêté, mais moi, je suis très sur la conception. Mais elle était plutôt sur la partie organisation et RH. Et elle aidait des entreprises à trouver des organisations frugales. C'est à mettre en rapport avec l'approche qu'on appelle l'approche effectual à l'approche causale, et l'approche effectuale. En gros par exemple, si vous invitez des amis chez vous, il y a les deux approches. Donc l'approche causales, c'est de ce dire, alors quand tu rentres de vacances c'est ce que j'ai fait. On a été en Corse et voulait faire un apéro Corse à mon copain. Donc là, on s'est dit, ba tient on veut faire l'apéro Corse on veut faire telle recette. Donc, il nous faut tels ingrédients. L'autre approche, l'approche effectuale, qui reprend pas mal de choses sur l'innovation frugale. C'est de se dire "J'ai toujours envie de passer un bon moment avec mes amis. Qu'on se régale autour d'un apéro sympa. Par contre, je vais essayer d'utiliser tout ce que j'ai chez moi. Donc bah tient je vais faire un plat de pate, j'ai du thon, je vais faire des riettes de thon qu'on va mettre sur du pain.

Dans ce cadre-là, c'est ce point-là qui intéresse le plus ces entreprises. OK, je comprends le concept, mais du coup, faut vraiment réfléchir autrement. Et du coup, en termes d'organisation, il y a des changements à faire. Quel déchet va devenir une matière première ? Quelles ressources va devenir une matière première ?

Quelles difficultés est-ce que vous pensez que les entreprises doivent surmonter quand ils s'adonnent, ils veulent faire un projet qui est frugal.

C'est la méthode en faite, par où commencer ? Après l'état d'esprit. Je pense que c'est deux principales difficultés. Moi la première, quand j'ai lu les bouquins de Navi Radjou, c'est génial. Moi, je suis plutôt une optimiste dans la vie. Même le Low Tech Lab, c'est génial de voir des jeunes qui font des choses si puissantes, si simplement. Je trouve que c'est vraiment génial. Par contre, après, comment approprie

? J'ai proposé trois approches, mais j'ai tout le temps, je suis en train de me dire. Est-ce que c'est assez concret. Ce que je sais pas si c'est vraiment original. C'est pas une méthode miracle et des fois ça repose juste sur du bon sens. Donc, se dire qu'on va faire une nouvelle approche basée sur le bon sens, bah y en a qui disent voilà j'en ai pas besoin. Voilà la principale difficulté, il y a pas de guide qui existe, en disant première étape faire ci, deuxième étape faire ça. Et puis à la fin, vous obtiendrez un produit frugal. Et d'ailleurs, c'est quoi un produit frugal. Donc comment on sait qu'on a réussi ?

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Plusieurs interlocuteurs qui sont consultants et qui m'ont dit que, par exemple, certaines industries ou c'est encore plus difficile de mettre en place un esprit frugal, c'est par exemple l'industrie de la technologie. Est ce que selon vous, il y a des industries qui ne sont pas conciliable à l'innovation frugale ?

Non, mais non, moi, je pense que ça s'applique partout, c'est pas plus difficile pour une entreprise que d'autres, c'est juste se dire qu'il faut faire, les bons choix en faite. C'est sûr que ça s'applique pas partout, à tous les projets, tout le temps, c'est certain. Par contre, je suis certaine que dans toutes les entreprises, même des technologies d'une entreprise, il y a des approches qui peuvent être mise en place. Déjà ça peut être pas déjà la conception, ça peut être organisation du monde, etc. Et après sur la technologie, si c'est par exemple pour développer une appli juste de faire, enfin je suis pas une pro, mais sur l'interface juste d'avoir le visuel pour voir ce que ça donne, c'est de a frugalité. D'essayer de se dire qu'on va développer un truc en propre, qu'on va faire appel à un partenaire qui est plus fort que nous. C'est un début de frugalité. On peut aussi associer une notion même de vitesse. En disant on se donne une contrainte temporelle ou une contrainte de moyens, et on a tenu en fait un super résultat.

Donc moi, je pense que ça peut s'appliquer partout.

Parfait, donc est ce que vous avez finalement d'autres remarques ? Ou vision sur la perception de l'innovation frugale en Europe et les défis de son développement.

Excusez-moi. Je suis en train d'aller chercher ma fille. Et bien moi je suis déjà convaincue de l'intérêt de cette approche. Parce que d'un point de vue environnemental, on a plus le choix, c'est à dire on peut plus concevoir comme avant, avec la raréfaction des ressources etc. Donc il faut apprendre à concevoir optimalement. Donc je pense en termes de ressources, et en termes de business model, je pense c'est super important. Au point de vue économique, surtout contexte actuel, on est plutôt dans la restriction.

C'est comment on vit cet état d'esprit. On se dit Oh zut, j'ai pas pu faire mon projet parce que j'ai pas de budget ou parce qu'on est en régression. Je trouve aussi à nous réinventer, donc voilà moi je trouve ça intéressant. Après, moi, je suis pas sûr de la reconnaissance, ou les lettres de noblesse du frugal. Je suis convaincue, que les gens le font sans s'en rendre compte. C'est presque de l'ordre de l'inconscient.

C'est comme, chez Décathlon, y a une fille qui s'occupe des makers. Et elle me dit, bah oui tout le monde est marker. C'est un peu tiré par les cheveux, c'est comme je sors ma poubelle, je suis Maker.

Bon faut pas exagérer non plus. Ou quand je fais ma lessive maison, je suis maker. Oui, oui, ok, c'est un état d'esprit, mais de dire que les makers et que le frugal vont sauver le monde et qu'il faut appliquer ce dogme partout, je suis pas sûr. Je pense que c'est plutôt plus discret que ça, plus

inconscients que ça. Et je pense que ça passe beaucoup par les valeurs, par la culture, peut être même par l'éducation. Mais, nous en tout cas chez Décathlon, il y avait pas ce mot frugal mais c'était quand même dans la culture de l'entreprise.

Parfait. Merci beaucoup pour votre temps, en tout cas, est ce que si j'ai une question, je peux vous écrire un mail?

Oui ça marche! Et envoyez-moi votre mémoire. Si vous avez interrogé plusieurs consultants sur le sujet, ça m'intéresse carrément de le lire.

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Oui j'ai interrogé quelques spécialistes en effet. Je pourrais, normalement l'envoyer en novembre.

C'était super intéressant et voilà une bonne journée.

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Interview Décathlon n°2 – Quentin Alline

> Avez-vous une spécialisation chez Décathlon ?

Moi ça fait 10 ans que je suis chez décathlon, depuis 2 ans je suis en charge d'EasyBreath, et sans détailler tout mon parcours, j'ai touché à beaucoup de produit surtout matériel technique, des produits qu'on dit Hard c'est à dire pas de textile, pas de chaussures. Le matériel, tout ce qui est accessoire et, ou, matériel : du plastique, du métal, du composite, de la mousse. Et sur la typologie de produit sur plusieurs scores.

> Comment sont organisées les équipes de développement de produit chez Décathlon ?

Les nouveaux projets chez Décathlon sont en général initiés au sein des sports, des marques. Donc ce sont les marques qu'on retrouve en magasin. Moi je travaille chez Subert, c'est la marque de plongée sou marine, auparavant j'étais chez Domyos, la marque de Fitness. On a plus de 80 marques et donc c'est au sein de ces marques qu'on initie les projets, c'est à dire on décide de lancer un nouveau

masque, une nouvelle chaussure... Donc quand on décide de lancer, y a une équipe projet qui se met en place. Le schéma se duplique dans toutes les marques. Au sein d'une équipe projet, on a un trinôme.

Le cœur de l'équipe projet c'est un ingénieur produit, comme moi, qui est en charge de tous les aspects techniques du développement du produit. Donc il a une casquette de chef de projet technique, un designer, pour les aspects esthétiques, et aussi les aspects créativités et concrétisation des fonctions qu'on recherche. On va également prendre en charge prendre en charge la partie empathie, la partie écoute d'utilisateur. Et le chef de produit, qui classiquement dans les autres boîtes, on appelle ça, en charge du marketing, donc qui sont connectés au marché. Enfin nous, on parle pas trop de marché, on va plutôt parler de connaissance utilisateur. Donc ce sont des gens qui sont à l’écoute toute l'année de l'utilisateur. Ils sont capables de définir un prix parce qu'ils connaissent bien la concurrence. Mais le principal, ce qu'on attend d'eux c'est de bien connaître les sportifs.

C'est ce trio là qui est à l'origine des lancements produit.

> Et à chaque fois que tu te lance dans un nouveau projet dans ce trio. Tu prototypes, développe le produit, mais est ce que tu fais le follow up du produit après sa mise en vente ? Après les feedbacks client ?

L'équipe projet va suivre le projet depuis le premier brief, le premier coup de crayon, le premier post-it jusqu'à sa vie dans les mains de l'utilisateur. C'est à dire que moi, une partie de mon métier, c'est bien d'aller jusqu'au bout du geste, d'analyser les retours qualité et le niveau de satisfaction des utilisateurs en usage.

> Donc tu possèdes donc un portefeuille projets ?

Exactement, et donc je vais jusqu'à récupérer des échantillons défectueux, des fois rappeler des clients, des utilisateurs pour savoir ce qu'il s’est passé, pour ensuite, pour boucler, quand on on fait une V2, une V3 dans le produit, avoir capté qu'est ce qui se passe dans la vraie vie.

> Est ce que le terme design, engineering frugal est un concept utilisé par Décathlon?

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Oui, c'est un terme qu'on aime bien. Décathlon, je dirais même que dans l'ensemble de la famille Mulier du Groupe : Auchan LeRoy Merlin, ... où il y a toujours le souci du rapport valeur/ prix, et d'être très très bon et très bien positionné sur les premiers prix. Du coup, la frugalité, on utilise le mot ou pas, mais c'est un mot connu chez nous. Ca va se traduire aussi bien dans nos choix de conception, quand on fait du produit que dans notre fonctionnement. On va essayer de pas être gras à l’échelle du groupe dans notre manière de fonctionner. On va parler produit, mais c'est aussi un terme qui revient dans d'autres thématique que dans le développement produit. Quand on parle de frugalité ça peut être aussi le nombre de personnes pour faire le tour du magasin, nombre de personne dans un bureau de prod dans nos méthodes et outils également.

> On m’a décrit Décathlon comme une entreprise qui ose changer souvent ses process, est ce que c’est vrai ?

C'est pas une entreprise qui est figée, des fois ça créé même d'autre problème mais il y a comme une impression de transformation permanente. Au niveau de tout, des outils, des organes, des stratégies, plutôt quelque chose de figé dans le marbre qui bouge pas. Dans le turn over des équipes ça se traduit à tous les niveaux de l'entreprise.

> Est ce que tu apprécies cette flexibilité, ce dynamisme dans les process?

Oui, ça fait partie des choses, ça fait longtemps que je suis dans la boîte moi. Oui si on peut pas s'adapter à ça en généralement on reste pas chez Décathlon.

> Ces changement d'organisation sont-ils générés par une demande bottom up ou top down ?

Un petit peu des deux, ça reste quand même des changements stratégiques. Et on a eu u processus de libération, entreprise libérée, bonheur au travail, il y a 4-5 ans. C'était lié à un changement de

dirigeant, mais donc il y a eu aussi du bottom up aussi dans ces stratégies. Ce qui a créé encore plus, pas de chaos mais d'émulsion on va dire. Mais y a un peu des deux.

>Travailles-tu dans des laboratoires d'expérimentation continue ?

Euh, il n'y a rien qu'on appelle Laboratoire d’Expérimentation continue. Après je peux dire comment on développe.

Donc je suis basé dans le Sud-Ouest. Ce siège, basé à Endaille. Nous on appelle ça le centre de conception des sports aquatiques. Water Sport Center. Ce siège-là, on va retrouver toutes les marques liées aux sports d'eau : stand up paddle, waterpolo, body board, volley ..., enfin voilà tous les sports d'eau. Toutes les équipes de ces marques-là sont là. Quand je parle des équipes donc c'est bien le Trio, c'est le même trio dont je parlais donc marketing, design, conception. On trouve direction

commerciale, la communication et les métiers de la logistique. Donc c'est pas que un centre de conception. Par contre, ce siège là il a été créé pour mettre à disposition, concevoir et mettre à

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disposition les produits. Donc ça c'est vraiment l'ADN de ce site. On en a d'autre ailleurs qui sont sur le même principe. Celui-là est particulièrement marquant, parce qu'on a les pieds dans l'eau. C'est à dire qu'on a une piscine dans les locaux, on est au bord d'une baie pour tester nos produits. Nous on a un bateau qui nous attend, on a un club de plongé afin de tester nos produits. On est très proche du terrain. C'est le but de ce centre-là. Dans ce site-là, en plus d'avoir accès, on a également des moyens de prototypage qui sont des très beaux outils. C'est à dire qu'on va retrouver une sorte de Fablab, avec des imprimante 3D, des outils en libre-service pour pouvoir bricoler nos produits, mais on va

également trouver des outils et des ateliers qui tendent vers l'industrie. C'est à dire on a un grand atelier de couture on est capable, une veste technique étanche de voile pour faire des transatlantiques, on est capable de la prototyper chez nous. Donc là c'est pas avec les 3 outils qu'on a dans un garage mais avec des machine à coudre industriel et des vrais compétences à ce niveau-là. Pareil pour le surf ou sur des produits gonflables on a des machines industrielles qui vont nous permettre de prototyper.

Du premier, on appelle ça des monstres, prototype qu'on fait, avec du scotch et de la mousse jusqu'au prototype qui va être quasiment la copie de ce qu'on pourrait avoir en production. Donc en fait, pour reformuler avec l'innovation frugale, on l'intègre dans tous nos développements, parce qu'on aime bien assez tôt dans le projet aller sur du prototype fonctionnel, ce qu'on appelle le monstre où là on fait avec les moyens du bord. Donc, par contrainte, on est dans l'innovation frugale. Quand on cherche une solution, la prototyper très tôt avec les moyens du bord, ça ouvre sur des solutions qu’on n’aurait pas imaginées si on était partie sur du 3D ou sur des approches un peu plus techniques, un peu plus scientifique. Donc on a cette innovation frugale, on appelle ça aussi la créativité manuelle. Je trouve que c'est lié. Ca marche bien chez nous, parce qu'on cherche à aire des produit pas chère. Donc forcément prototyper pas chère ça aide un réaliser un produit pas cher et sans compromis sur les fonctionnalités Que l'on appelle Innovation Frugale ou pas ça fait quasi-partie de nos process.

> Il y a t-il des interactions avec les autres marque dans le FabLab ou autre?

Oui c'est un lieu de rencontre. Ce lieu de prototypage, atelier, il est pensé comme un FabLab très ouvert. Pas cloisonné. Même le FabLab donne sur le magasin. Y a une vitre et y donne sur le magasin.

Donc les clients peuvent venir voir ce qui se passe. Donc c'est un lieu ouvert, de rencontre. On n’a pas cloisonné, on a mis cet endroit-là au centre du site et au centre de toutes les marques.

>Y a t il de la co création avec les client qui entre dans le magasin ?

Je pense ça faisait partie du délire au départ quand y ont imaginé la chose. Au final, la co création ouverte comme ça. C'est un peu un rêve, un fantasme. Ca existe pas le client qui donne la bonne idée au bon moment. Par contre ce qu'on peut faire, c'est on donne des ateliers, des workshops, venir faire des utilisateurs, donc des gens qui ne sont pas du métier, qui sont pas concepteur, pas designer et qui viennent aider dans les phases de génération d'idées. Voire de bricolage et de prototypage, parfois on peut avoir des utilisateurs qui sont aussi des makers, qui sont des gens qui bricolent aussi leurs propres produits.

>Comment trouvez-vous ces maker?

Ca c'est tout le travail du chef de produit et au sein d'une marque de fédérer une communauté et au sein de cette communauté identifier des personnes qui lesquelles on va pouvoir établir un lien plus particulier, leur envoyer des produits en avance pour qu'ils nous face des retours ou les inviter pour qu'ils travaillent avec nous.

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C'est un travail de dialogue. On travaille également avec une société, plus sur le pôle montagne, en Rhône Alpes, où ils sont plus en avance sur la co-création. Et eux ils travaillent avec une société, qui elle après sait comment aller taper dans une communauté de maker et fédérer des gens. Donc il y a tout un savoir-faire derrière.

> Réalisez vous des partenariats pour certains projets ? Avec qui ?

>Avec d'autres entreprise, par exemple comme spécialisé dans les technologies 3D...

Donc on a plein de partenariats, donc c'est dur de donner un exemple. On a énormément de ressources en interne afin de réaliser des produits. Le risque c'est que limite ça soit suffisant. Donc on essaie ouvert à l'externe pour aller chercher des expertises que nous on n’a pas en interne. Deux, aller chercher d'autres approches. C'est pour ça je te donne par exemple Proofmaker. C'est un vrai partenariat, où ils nous apportent une compétence et méthodologie qu’on n’a pas forcément, qu'on a codéveloppé avec eux. Mais y a une volonté de rester en externe avec eux. On a un Lab à L'Iles, là où est notre siège qui eux utilise des relations, des partenariats très forts avec des imprimeurs 3D et des fournisseurs de matière. On avance de face avec ce genre de technologie, qu’on ne pourrait pas se payer en interne parce que on a voulu développer des projets intéressants et donc on des partenariats avec eux. Ils nous prêtent des machines, qui coûtent un bras. Et nous on les teste, on leur fait des retours etc. On a des partenariats sur cette partie-là, on a des partenaires externes on va chercher, très régulièrement des expertises externes, en design, sur des thèmes un peu plus pointus. Moi, par

exemple je suis allé voir un acousticien, parce qu'on avait une problématique de son qu’on n’avait pas en interne. Donc oui on est ouvert en externe même si on a la capacité de faire énormément de choses en interne.

> Dirais tu que c'est une policie de l'entreprise elle même de se développer via partenariat?

Oui

> Quelle perception tu as dessus? Te sens tu poussé pour chercher cette collaboration?

Moi je suis le responsable technique de ma marque, donc j'anime les autres ingénieurs qui développent ça. Donc plutôt moi qui vais pousser pour s'ouvrir au sein de ma marque. Après il y a des échanges au niveau des stratégies de conception globale qui disent oui, il faut rester ouvert à l'externe, parce qu’on n’est pas les meilleurs sur tout. Si on veut le devenir, il faut aller chercher les meilleurs. Mais ça reste sur des points très précis, mais il y a pas une stratégie globale où on se dit toute la phase

design/conception doit être externalisé avec telle entreprise...

> Ca dépend du projet?

Oui voilà. C'est au cas par cas et c'est l'équipe projet qui décide d'externaliser.

> Y a t il une volonté de diversifier vos partenaires ?

Oui, c'est une volonté. C'est aussi notre incapacité à mutualiser. On est à 80 sport, avec 4-5 équipes projets par sport, donc ça fait une sorte de galaxie de petites entités autonomes. On met de l'énergie

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pour essayer de coordonner tout ça, partager sur les stratégies. Mais voilà. Il y a beaucoup

d'autonomie. Et c'est pas descendant. Cela explique pourquoi on n’a pas de grand partenariat avec des groupes prestigieux ou on les met pas en avant.

> J’ai vu que vous avez fait ce partenariat Isinnova, était tu dans la boucle ? [20:20- 27:20]

J’étais en première ligne, j’ai déjà raconté l’histoire dans des séminaires et en interne donc je peux te la faire rapidement. Je parlerais pas de partenariat en l’occurrence avec Isinnova. Parce qu’ils ont fait sans nous 99% du travail de l’adaptation du masque. Ils nous ont juste demandé à un moment donné nos fichiers 3D du masque pour récupérer les bonnes dimensions afin d’adapter notre masque de plongé en masque de protection respiratoire. Pour la faire courte. Donc Isinnova s’est passé par les équipes d’Italie. J’ai reçu un mail dans ma boîte mail, j’ai renvoyé un fichier, et on n’a pas discuté plus que ça. Pourquoi c’était aussi simple ? C’est parce qu’on a décidé assez vite. Enfin ça nous a demandé une semaine, à partir du moment où on a reçu des demandes pour adapter notre masque. Donc on sait dit, Qu’est ce qu’on fait ? On fait rien parce que c’est un produit de sport donc on peut rien faire ? on compte sur nous même parce qu’on est des concepteur et on est les meilleures personnes pour adapter notre masque ? On n’a pas choisi ces deux options on a choisi une troisième option, qui est de se dire, Ok c’est un contexte exceptionnel on va faire quelque chose qu’on n’a jamais fait. On va partager nos fichiers et nos données techniques aux gens qui en ont besoin. Qui sont sans doute plus compétents que nous, plus rapide parce qu’ils vont chercher l’expertise médical, parce qu’ils ont déjà attaqué le sujet, parce qu’ils ont un contact avec un hôpital. Donc au lieu de bloquer l’info on a essayé de la libérer. Donc on a, au début de la crise, on a partagé nos fichiers techniques. Et c’est ça moi qui m’a pris du temps pendant quasiment 2 mois. Parce que tous les jours on avait des sollicitations comme celle d’Isinnova. Donc Isinnova, a été l’un premier, et des plus couverts par les médias. Donc ça ressort assez vite quand on le tape sur internet. Mais des exemples comme Isinnova j’en ai des dizaines et des dizaines et des dizaines. C’est-à-dire que ça, ça a été dupliqué un peu partout dans le monde. Un peu différent, adapté au local dépendant de la technologie 3D qu’ils ont et quel choix de design... et moi mon boulot c’était de fédérer ces gens de les mettre en contact si y avait besoin et de leur filer les infos techniques dont ils avaient besoin pour avancer. C’est pas avec eux que j’ai travailler le plus. Pour donner deux exemples si tu veux creuser. Y a un laboratoire de Stanford avec qui j’ai beaucoup travaillé, je te donne le lien, ... du laboratoire, ... et le lien du projet qu’ils ont fait...

Ils ont eu une approche très ouverte alors que voilà généralement la science et les recherches universitaire y travaillent dans leur coin. Une fois qu’on a assez de données on fait une belle

publication et on la partage à tout le monde. Et eux, sur ce contexte là, dans l’adaptation du masque en temps de crise, y mettaient en ligne, ouvert à tous, les informations en temps réel sur les tests qu’ils étaient en train de faire, les choix de conception etc.… c’était assez bluffant, la rapidité et l’efficacité avec laquelle ils ont avancé. Et ils ont un truc, il appelle ça le frugale science. Et je te donne le lien qui est le fruit de notre collaboration. Après, en photo, c’est pas notre masque, parce qu’on a même partagé des infos pour aider à adapter d’autre masque et pas uniquement celui de Décathlon. Donc je finis avec cette histoire de masque. Ce projet là, il a fait tache d’huile, et il a été repris en France avec un consortium français dans lequel il y avait des gens du CNRRS, et de diverses universités. Qui ont repris le projet de Stanford et qui les ont adaptés aux règlementations françaises. Qui en était tout l’enjeux. Pour qu’il puisse être utilisé en hôpital. Donc ... voilà... c’est tout ce que je peux te dire en court.

> Quel bénéfice vois-tu à développer des produits issus de l’innovation frugale ?

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Chez nous ça colle à l'ADN de Décathlon, parce qu'on cherche le rapport valeur/prix. On cherche toujours d'avoir le meilleur prix avec des bénéfices en usage qui correspondent à ce que les gens attendent donc l'approche Innovation Frugale, ça nous pousse à questionner la fonction essentielle.

Voilà une tong, on peut en faire une avec une chambre à air et une bouteille d'eau. Donc voilà essentiellement c'est ça.

> Quelles sont les défis/barrières que tu vois à faire du frugale dans l'industrie sportive.

Pas aller trop loin dans la fonction minimale. Parce qu'on reste dans le sport donc on attend un certain niveau de performance. Même quand on est débutant, même quand on cherche à mettre le minimum de sou possible. Quand on va vendre une chaussure de running à 13€, même s’il y a beaucoup de gens qui l'achètent, pas pour courir mais parce qu'ils veulent une chaussure confortable. Y a une part de ces gens qui vont acheter ces chaussures là en extension d'usage. Il faut quand même pouvoir courir avec. Donc une chaussure de running, il faut qu'elle ait un maintien, qu'elle ait un amorti au pourra pas descendre jusqu'au niveau minimal de ce qu'est une chaussure, si on poussait l'innovation frugale jusqu'au bout. Après il y a un problème de perception, l'innovation frugale ça apporte de la rupture dans la réponse et suivant la typologie du produit, on n’a pas toujours des précurseurs qui souhaitent acheter un produit qui casse les codes du genre. Donc c'est important d'avoir de très bon design, c'est important d'avoir des designers qui s'approprie ça et pas que des spécialistes de l'innovation frugale qui remettent tout en code. Il y a toujours cette perception de valeur et d'acceptation que le produit est différent pour la même fonction.

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Interview Bioverse

How was the Corax project developed?

The idea for Corax Lifebox came from Caterina Giuliani, our CEO. While she was volunteering in a Tanzanian hospital, she experienced for the first time problems related to burn-care in poor settings and she started wondering about a solution that could help doctors to protect burn patients and prevent avoidable deaths. She was a biomedical engineering student, so she spent her thesis analysing and designing a medical device that was the first prototype of Corax (it was a bit different at the time, more like a giant incubator to be honest).

Her advisor was impressed by her work, and she presented the project to a couple of burn-care specialists in Italy, which were enthusiastic as well. So, she understood that her device could be more than just a project: it could be a concrete product for low- and middle- income countries hospitals.

Then, she decided to start working on it even after her graduation, and she's still doing so :) Can you think of other frugal projects?

If you mean asking us if we have other frugal projects in mind for the future, except for Corax, the answer is yes: we have some other things in our hat. That's why we decided to call our start-up Bioverse and not something that reminded Corax because we wanted to remark that for us, Corax it's just the beginning.

Have you set up partnerships for the project?

Yes! We became official partners of the University of Bologna, one of the most ancient universities in the world and the university where we all studied and met. Now we are talking with two Italian NGOs and with an Italian hospital to make a clinical partnership for the first pilot of Corax Lifebox, that will be at the end of this year.

Is the Corax product easy to repair? What is its lifespan?

We designed it to be easy to repair. It is one of the most important things when you make a product for rural hospitals and poor settings. We cannot rely on the industrial network we have in western

countries and we cannot send a technician to the hospitals we’re serving for every small thing. So, we tried to use components that can be found easily everywhere and, also, we tried to keep our device as simple as possible.

Its Lifespan is not sure yet since the device is not on the market, but for sure it's going to be several years. Our goal is to reach 10 years of lifespan.

What do you say to companies reluctant to make frugal innovation for a question of image?

We never met companies that made explicit their fear that frugal innovation could shatter their image.

But I understand that sometimes people might think that frugal innovation necessarily means to compromise on quality, maybe confusing it with the concept of “low-cost”.

Frugal innovation it is not just making "low-cost" things, and it does not mean to compromise on quality. I think that being “frugal innovative” just means to find more innovative ways to deliver a service or a product to make it available to people who, otherwise, would have no access to that. In our case, to be frugal innovative means to find a way to make available in every hospital which needs it an adequate environment to treat burn children, without the need of building a burn unit as we do in Europe. The device will respect the same requirements that all other medical device and it could not be

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otherwise: who would buy a medical device that does not work, or that has a low-quality standard?

Especially in a poor market, you want to spend your money well.

What was the European perception of emergency product development?

I don’t understand the question, could you make it clearer?

Do you plan to adapt Corax to the European market?

I don’t think “to adapt” is the right verb, but yes, we definitely see a market in Europe for our device.

Corax Lifebox is a more efficient alternative to a burn unit, a hospital ward that is built and designed to host burn patients. Burn units are almost completely inaccessible in low- and middle- income countries, that are our target markets. But we know that there are places in western countries as well that might be very far from the nearest burn unit and thus might be interested in our solution. For instance, there are a lot of Mediterranean islands that during summer must face a lot of fires, and thus must transport their burn patients with a helicopter to the nearest burn unit. Corax Lifebox could help the hospitals on these islands to take care of these patients.

> Innovation & Healthcare

What are the barriers to innovation in Europe in your sector?

I think Europe is very open to innovation now. Together with US it’s probably the best place to start an innovative company and, especially for social entrepreneurs, there are a lot of opportunities for investment and resources. The hardest thing is probably to find the right network of people who both believe in you and have the experience to help you developing your project. But I think that’s true everywhere in the world.

What do you think about innovation methods in your sector in Europe? Do you think that frugal innovation has its place?

Healthcare it’s definitely the right sector for frugal innovation. Most of the big healthcare companies are focusing on disruptive technology to improve the devices and services that they have already in place in western countries but doing so they’re neglecting a gigantic market that is increasing: low- and middle-income countries. These places are plenty of health problems that need frugal innovative strategies to be overcame, and they’re becoming richer so they’re able to pay for them. And where there is a problem and people willing to pay for a solution, there is an opportunity for an entrepreneur.

What are the challenges of developing a strategy around frugal and reverse innovation?

In our case, one of the biggest challenges is that we are European and thus, sometimes, it’s hard to understand the problems and the priorities of our early adopters. That’s why we do our best to always keep a contact with people working on the field.

Also, a big barrier is the fact that there are not so many people developing frugal solutions, so there is a lack of knowledge on what it’s going to work and what is not. In other words, it’s a pioneering work.

Do you think frugal innovation will develop in Europe in Healthcare?

It’s difficult to answer. I’m sure that frugal innovation will develop in low- and middle- income countries. Their economy is developing, and they are plenty of young people that grew up with a poor country but with the same intellectual skills of western entrepreneurs. Also, now finding investors for

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start-ups is easier than ever, even in these countries. Thus, if you put together the fact of having to deal with a setting that encourage efficient solutions, smart and young people, and the availability of capital, it makes sense to me that we’ll see a development of frugal innovation there. I don’t know about western countries and Europe: maybe they will be a supportive and active part of this development, or maybe they will be left behind.

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Interview Entreprise Anonyme

[00:00] - Alberto

I before I experienced some design thinking project one at CERN in Geneva, in which I participate in a course that it's called challenge based innovation course, that it's design thinking, human centric experience and in in in the field of humanitarian innovation. So I'm working with U.N. and IKEA Foundation to help refugees with technologies offered by CERN. And it was all an experience of human centric innovation. So my kind of expertise in design thinking goes after that experience. I made an experience, a lot of design thinking. I was I made consultancy with teammates and from these consultancy of Entreprise Anonyme, we founded a startup that it is in inside the portfolio of Entreprise Anonyme Capital Equity Blue because Entreprise Anonyme has these capital equity In venture that it's called Blue 1877. And it is our capital equity in which Entreprise Anonyme invests on a startup that have gathered the quality and the potential that they consider fitting with our mission. So and this startup is called right now. The first name was Poppy's. The second name is, I think Leguminous. And it is our startup in which we invent as nec policies snack and. OK, so I did this. This a project with Entreprise Anonyme and, I knew my boss, and I entry as product development technologies inside the group. So right now, I'm in R&D, but I am on development part, development process. I am in charge of developing brioche and Danish pastry product for Italy because Entreprise Anonyme has these bakery function that operates mainly in Italy. But have in France Harris, I don't know, I don't know that the verbalization in French and then in in Sweden we have a Vaza that is Nordic bread, these and also in Germany. So but my responsibility is only on Italian brand that it's called Brillo Bianco. It's the leader of the market for bakery in Italy. And we make basically mini cakes, cakes, and biscuits and also bread. So this is not so short introduction of myself. And so if you have questions and I am here to answer you.

[04:53] - Morgane

Yes. In fact, hearing this introduction, I am curious about. Like, you made this training about frugal design and can you apply it in Entreprise Anonyme?

[05:19] - Alberto

All right. I knew, I knew frugal innovation studies by myself and by the founder that it's Navi Radjou.

I did participate to a lesson of Navi explaining, explaining all these concepts and all these concepts of frugal innovation applied to different sector. And I read the Frugal Innovation book that he writes and I, I appreciate a lot. This is kind of I think it's a mindset. First of all, I think it's a mindset. And in Entreprise Anonyme, and also, I think in other food industry, because I had a little experience elsewhere in Unilever or in in very short, like six months of internship. But and I was in the in the factory. I don't know if, you know, young. And I think a frugal innovation is the unknown in a in our in our sector and or if it is known it is known by startup or new people from there. Because right now with that new frontier in food industry is open innovation. All the food industry is investing in open innovation, open function and in investing on people that may that make in the company food innovation. They are opening teams or people that are scouting for startup and so on. Frugal

innovation is unknown, and I see my company there is not a frugal innovation mindset, or if it is, it's very individual and people and people don't recognize the fact that they are applying maybe frugal innovation mindset or tool, but it's inside them a type of mindset. And they and they just do some action that we can refer to frugal innovation because it fundamentally is that for frugal innovation, you will work with limited resource and you have to design something with limited resources. And this is basically the fundamental design in every industry. You work with limited resource. The thing is, we are in this mindset, it's to design the better product with limited resource and with a lean design, with human centered design. OK, so these are a lot of components and it's very difficult to match all together. And so very few people apply that type of mindset here. I try by myself, but it's not guided.

(21)

So the company and I'm very on human centric design, very human centric approach, and I'm trying to innovate the process also. Beside my work, I try to innovate my team and I make some proposal about new processes, including frugal innovation tools. I don't sell my team and my boss frugal innovation because it's difficult in a big company to say so, some concept and to make them applied because it's for for example, in development, we are very operative. We have very short times, short resources, and we have to launch a product. And so there is a lot of pressure on that process. So you don't have time so much time to explore. You have a product, a concept that you have to make it. But I think

sometimes you are in food industry. You have to be open minded, creative, open to new stimulus and frugal innovation, and human centric design helps you to have these open minds. But in general, I work in working in development is more operative. You have a concept that you have to make it real and you have to face some technological problems, with so limited resources, limited time, and you have to launch. So you have not to know so much time to do the launch.

[11:40] - Morgane OK,

[11:51] - Alberto

Yes, there is innovation. I have by side this innovation role because, I my boss say you have to innovate process inside development, development team. And also, I was enrolled in some role by my background that it's some kind of strange because I am also an engineer, so engineer and I design thinking and experience. And there was a role in this project that it's rebranding of our brand that is part of the brand. So, I have this in which I support some kind of innovation strategy or innovation and innovation processes. So, and there is there is a part of innovation Entreprise Anonyme and there is a that there is a part of open innovation. If you need maybe a contact, I can give you that. The contact of the Open Innovation Manager, OK, that in its name it's Jean Carlo Rebordi and he's in charge of open innovation, so he works lot with the Blue 1877 centers, it's our capital equity. And he organized inside the company to take good food makers, make us that it's our acceleration program for startups and you can find a line and we have these this function that it's innovation. But it's a kind of innovation. I repeat to you, maybe because it's difficult to understand from the outside. It's just I think it's only stimulating the internal innovation process. The real innovation is made in development. Innovation is really in our company, at least in our company is seen has researched, researched new topics, new trends and so on. Then after this kind of research and the study, then let me say the ball like in a football, in a football game. The ball is bassets to us as developers and with marketing, developers and make it real, make it make it a suitable for consumers. So, it is kind of like that. The innovation is seen, has researchers, but a real, real new product are made by developers. So, this is this kind of division.

[15:27] - Morgane

OK, I understand. So can you speak about your team, how many are you developers products and how do you collaborate with the marketing team ?

[15:50] - Alberto

We are 10 people and people in my team and divided into two groups and we are the same team but divided in 2 groups, which one group is on our specific moment of consumption that my team is on indulgence moment and breakfast, and the other team is on snacking. But we are the same thing.

Basically, it's divided up momentum of consumption because we have two different managers. And that's our team. And in the process, we use phase and gate. I don't know if, you know, the innovation process phase and gate. It's sort of a process in which you have some gates to launch. You have in the development you have four phases. In which the first phase is, let's call it ideation, which you find an idea that for you and marketing. Because we have an internal team in which we are already marketing, finance, supply chain. But the owner, of the idea is marketing that and talk with us of development.

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